« Marie, mère de l’espérance marche avec nous »
Chers pèlerins,
Il est bon de nous rappeler que la vie chrétienne est une marche à la suite, au pas et au rythme du Maître : le Christ, notre Grand-Frère. Un exercice qui nécessite de notre part : efforts physiques, moraux et spirituels. Car les aléas de la route ne manquent pas parfois de rendre notre démarche pénible et même décourageante, plongeant ainsi bon nombre de fidèles et de concitoyens dans la nuit insipide du doute. Les difficultés de la vie, liées à un passé embrumé, à un présent tumultueux voire écrasant et à un avenir incertain, surtout pour les jeunes qui voient leurs rêves s’effriter, sont parfois telles qu’elles se dessinent comme un gouffre sans issue.
Face à cette situation dramatique que vivent beaucoup d’entre nous, le thème de la 137ème édition du pèlerinage national de Popenguine : « Marie, Mère de l’espérance marche avec nous » est bienvenu. En cette année jubilaire pour l’Eglise placée sous le sceau de l’Espérance, ce thème se révèle comme une grâce inouïe, une providence divine. Oui, l’espérance se dégage, dans cette pénombre de la foi, et du possible désespoir, comme un faisceau de lumière qui scintille au fond de nos cœurs meurtris par la souffrance. Rayonnant et illuminant notre existence à l’ère nouvelle du salut. Cette vertu basique et théologale de l’espérance nous rappelle sans nul doute que notre marche chrétienne n’est pas un vain mouvement, un simple déplacement. On ne marche pas dans la vacuité de nos illusions. Le chrétien marche toujours vers un but : la patrie céleste, la Vie Nouvelle et éternelle en Jésus-Christ Chemin, Vérité et Vie (Cf. Jn 14, 6).
Ce but se veut pour le chrétien une source indicible de motivation, un réel piston dans la lassitude. Car il nous fait toucher du doigt la pointe de cette affirmation de foi : « l’Espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné » (Rm 5, 5). Nous avons donc là mille raisons de croire et d’espérer au cœur même des épreuves.
Le plus merveilleux dans tout cela, c’est que Marie, cette Mère très aimante qui nous est confiée au pied de la Croix, ne nous laisse jamais seuls. Au contraire, accueillie comme l’apôtre Jean chez nous et dans nos vies de tous les jours, elle se fait présente, mère proche de ses enfants. Celle-là même qui les prend par la main pour les soutenir dans leur marche, surtout lorsque leurs forces semblent les abandonner, à cause du poids des épreuves.
En effet dans les conditions difficiles, la présence maternelle et réconfortante de Marie à nos côtés ne faiblit point. Elle nous aide à avancer vers les parvis du Bonheur. Mieux encore, elle incite à raviver, en son divin Fils, la flamme de la foi et de l’espérance. Espérance qui n’est pas d’emblée l’espoir d’une vie professionnelle et sentimentale réussie, mais le gage de ce que nous possédons déjà par la Foi, à savoir le salut en et par Jésus, Espérance de tout chrétien, Espérance d’une Vie Nouvelle et Eternelle (Cf. He 11, 1).
Comme autrefois avec les disciples désemparés sur la route d’Emmaüs, Jésus Ressuscité nous rejoint dans nos désillusions pour brûler nos cœurs au carrefour des Ecritures et à la fraction du pain. Nous donnant ainsi l’occasion, par la prière et le secours constants de Marie, Notre-Dame de la Délivrande, cette mère fidèle que nous sommes venus honorer en ce haut lieu spirituel, de le reconnaitre, Lui le Christ, comme le salut de tout homme et de tout l’homme et de rallumer à jamais la flamme de l’Espérance en Lui qui nous appelle des profondeurs ténébreuses à son admirable lumière (Cf. 1P 2, 9).
Seigneur, que par Marie, Notre-Dame de la Délivrande, nos cœurs s’établissent fermement en Toi, afin que, dans le doute, adviennent la confiance et la foi ; dans le désespoir, l’Espérance. Amen.
Bon et fructueux pèlerinage à toutes et à tous !
Abbé Marcel MANE
Curé de la Paroisse Christ Roi de l’Univers – Diouroup
